We no longer want to understand…

Le xIx siècle, messieurs, est derrière nous, et avec lui se sont achevés l’engouement et l’enthousiasme de nos pères pour la spécialisation croissante, pour l’aberrant compartimentage de la recherche et pour ses résultats. Avec lui s’est achevée la foi dans le progrès et dans la supériorité de l’homme grâce à la cornue et aux mathématiques. Nous ne voulons plus comprendre. Nous voulons contempler. Nous ne croyons plus à l’intelligibilité des choses. Nous croyons à ce qui ne se laisse ni vérifier ni étudier. Le concept d’évolution a cédé la place à la volonté, à l’action. Nous ne voulons plus d’analyse chimique.

Nous voulons la synthèse philosophique. Nous revenons aux humbles et pieux romantiques qui, en dépit de toutes les sciences exactes, croyaient en une « force vitale ». Mesdames et messieurs les socialistes, ne vous méprenez pas, vous êtes convaincus d’être les pionniers d’un monde nouveau. Vous vous méprenez. Les socialistes incarnent précisément ce que nous devons combattre. Ils incarnent le concept d’évolution tandis que nous prônons le dynamisme. Ils croient aux pouvoirs de l’entendement, de l’intellection scientifique, en deux mots : à la raison. Nous croyons aux vertus mystiques d’une force sensible à la détresse et à la misère d’une foule avide de rédemption.

Nous ne sommes pas capitalistes. Nous savons la turpitude et l’injustice du combat pour l’existence. Nous voulons la justice pour tous. Pour nous, intellectuels, comme pour les ouvriers qualifiés. Nous voulons un socialisme allemand.

Ce fut un tonnerre d’applaudissements. Enkendorff, le chef des étudiants, saluait encore et encore. Il avait exprimé ce qui animait une bonne partie de la jeunesse.

Gabriele Tergit Les effinger p645-6


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